PETIT MANUEL DE GÉNÉALOGIE NORMANDE


1) Où chercher quand on étudie son ascendance:

  • En interrogeant les Anciens, dans les faire-parts de décès, les livrets d'état-civil, les papiers de famille tels les actes notariés, les cimetières, etc...

  • Dans les mairies pour les registres d'état-civil récents.

  • Éventuellement auprès du curé de la paroisse pour les registres paroissiaux récents.

  • Dans les mairies ou aux Archives départementales pour les registres d'état-civil à partir de 1792.

  • Aux Archives départementales pour les registres paroissiaux d'avant 1792. Ces registres sont maintenant numérisés et accessibles sur place ou via internet (Calvados, Orne).

  • Dans les tabellionages (notariats) versés aux Archives départementales pour remonter en 1550-1600, notamment par le biais des contrats de mariage.

  • Si elles existent encore, les enquêtes effectuées dans le cadre des dispenses religieuses à l'occasion des mariages consanguins permettent parfois de remonter en 1500, de même que les archives judiciaires (Rouen par exemple). Enfin, des livres, études, archives privées, apportent à l'occasion de bonnes surprises.

Les registres de quelques communes ont été détruits pendant la guerre. Cependant, pour la plupart des recherches en Normandie, on peut espérer remonter une bonne part de son ascendance vers 1550-1600.


2) La noblesse:

Quand on a la chance de trouver une branche noble dans son ascendance, on peut remonter encore plus loin.

S'il est bon de méditer avec humilité l'antique adage: "Il n'est de roi qui ne descende d'esclave, ni d'esclave qui ne descende de roi", il est néanmoins jubilatoire de se trouver des branches nobles dans son ascendance, ouverture assurée vers des toboggans généalogiques pouvant réserver bien des surprises.

Les nobles jouissaient autrefois d'avantages non accordés aux roturiers. Des enquêtes de noblesse ont ainsi régulièrement eu lieu pour éviter les fraudes, et les usurpateurs étaient condamnés à de lourdes amendes. Nous disposons par exemple des enquêtes de noblesse suivantes:

  • 1463, effectuée par Montfaut. Elle contient beaucoup d'erreurs et n'est qu'une liste de noms. Son intérêt généalogique est donc très limité.

  • 1523. Les enquêtes en l'élection de Bayeux et en celle de Mortain sont très précieuses et permettent de remonter parfois jusqu'au XIIIème siècle. L'enquête en l'élection de Mortain a été éditée par Alfred de Tesson en 1898, celle sur Bayeux est restée manuscrite.

  • 1540, manuscrite, totalement inconnue et pourtant localement très intéressante (Bayeux).

  • 1598, par Roissy. Ses éléments généalogiques sont succincts.

  • 1624. Elle est manuscrite, intéressante et méconnue.

  • 1634. Également manuscrite, elle ne contient que les lignées masculines sans citer les épouses, mais permet en général de remonter de nombreuses générations.

  • 1666, par Chamillart. C'est la plus célèbre, elle a été éditée en 1889 par du Buisson de Courson mais contient cependant des erreurs. Voilà pourquoi il convient toujours de se reporter aux documents originaux, quand cela est possible!

Cette liste n'est pas exhaustive, il existe en effet d'autres enquêtes, parfois localisées, et qui restent manuscrites et méconnues dans les fonds des Archives départementales.

Dans une ascendance noble, il existe parfois des branches très intéressantes, qui font descendre de familles nobles bien connues pour lesquelles les études existent depuis des siècles. Celles-ci se basent sur des recherches anciennes (en effet, la passion de la généalogie ne date pas d'hier, c'est une science millénaire), des documents privés, les chartriers, etc... Les revues généalogiques, les recherches historiques anciennes et nouvelles, fondues et refondues, la mise à disposition d'une masse sans cesse croissante d'informations sur internet par le biais de la numérisation des documents, en un mot le libre partage des données a permis à la fin du XXème siècle de faire considérablement progresser la connaissance des familles nobles d'autrefois.

Ces branches nobles de grandes familles permettent souvent de descendre de manière ponctuelle des rois de France de l'an 1000 et d'avant: Hugues Capet, Robert le Pieux, Charlemagne. Charlemagne qui constitue une référence dans ces temps reculés, le phare dont on comptabilise l'apparition dans une ascendance pour mesurer ses degrés de noblesse.

Etudions l'ascendance de Diane, née en 2000. Au stade actuel actuel des recherches, elle descend:

  • 3 fois du roi Louis VII (1120-1180)

  • 34 fois de Louis VI (1081-1137)

  • 206 fois d'Henri I (1008-1060)

  • 1 012 fois d'Hugues Capet (940-996)

  • des milliers de fois de Charlemagne (747-814)

A comparer aux chiffres extraordinairement élevés concernant l'actuel prétendant au trône de France, Jean d'Orléans, qui descend des milliards et des milliards de fois de Charlemagne.

L'Antiquité:

Le rêve de beaucoup de généalogistes a toujours été de descendre des rois de l'Antiquité.

C'est pourtant un fait connu depuis longtemps que les rois de France de l'an 1000 ont par les femmes quelques ancêtres byzantins, eux-mêmes issus de princes arméniens, les Mamikonian, descendants des rois Parthes, lesquels descendent de la quasi-totalité des familles royales du pourtour méditerranéen au temps de l'Antiquité.

Tout ceci n'était connu que de quelques rares spécialistes, avant qu'internet et le renouveau de la généalogie ne fasse connaître ces éléments à un nombre sans cesse croissant de généalogistes.

Nous ne sommes pas encore tout à fait arrivés au temps où Diane pourra évoquer en toute quiétude qu'elle descend de Perdiccas Ier, fondateur de la dynastie macédonienne en 700 avant Jésus-Christ, mais nous y venons.

Des chercheurs explorent même actuellement des pistes pouvant mener jusqu'au pharaon Ramsès II, mais le sujet fait débat.

3) Numérotation des ancêtres d’une personne:

  • La personne dont on étudie l’ascendance porte le n° 1.

  • Ses parents ont les numéros qui suivent: 2 et 3.

  • Les grands-parents: n° 4, 5, 6, 7.

  • Les arrière-grands-parents: n° 8 à 15, et ainsi de suite.

Tous ont un numéro personnel et distinct. Les hommes ont un numéro pair et leur épouse le numéro impair qui suit. Les numéros doublent à chaque génération. Par exemple, le n° 124 a pour parents les n° 248 et 249. Autre exemple, le n° 46 est un homme, il est marié avec la n° 47 et ce sont les parents de la n° 23, qui est une femme.

La ligne directe, de père en père, porte les n° 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64, 128, 256, 512, 1024, etc… ce sont les puissances de 2.

Regardons l'ascendance de Diane. L'intervalle d'une génération est généralement de 30 ans. C'est une moyenne, dans les faits cela peut aller de 15 à 75 ans pour une seule génération.

  • Génération 1: Diane, née en 2000.

  • Génération 2: Ses 2 parents, nés vers 1970.

  • Génération 3: Ses 4 grands-parents, nés vers 1940.

  • Génération 4: Ses 8 arrière-grands-parents, nés vers 1910.

  • Génération 5: Ses 16 arrière-arrière-grands-parents, nés vers 1880.

etc...

  • Génération 10: Ses 512 arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents, nés vers 1730.

Nous voyons que le nombre d'ancêtres à une génération donnée a doublé par rapport à la génération précédente. C'est logique, toute personne a deux parents, un père et une mère.

Le nombre d'ancêtres à la génération n est 2n-1, 2 puissance (n-1). Par exemple, à la 10ème génération, Diane a 29 ancêtres, c'est-à-dire 2*2*2*2*2*2*2*2*2 = 512 ancêtres. Mais il est tout aussi intéressant de connaître le nombre d'ancêtres cumulés jusqu'à la génération n: c'est 2n – 2.

Ainsi, jusqu'à la 10ème génération, le nombre total d'ancêtres de Diane est de 210 – 2, c'est-à-dire 1022 ancêtres.

Continuons: à la 20ème génération, Diane a 1.048.572 ancêtres cumulés, dont 524.288 sur cette seule génération, nés vers 1430.

A la 30ème génération, Diane a 1.073.741.822 ancêtres cumulés, dont 536.870.912 sur cette seule génération, nés vers 1130.

Un milliard d'ancêtres vivant sous le roi Louis VII, à une époque où la population française n'était que de 20 millions d'âmes, et celle de la planète d'un milliard. Comment est-ce possible? Tout simplement à cause de la notion d'implexe, qui caractérise le fait que l'on descend plusieurs fois des mêmes personnes. Ce milliard d'ancêtres théorique ne correspond en fait qu'à quelques dizaines ou centaines de milliers de personnes.

Diane descend par exemple 4 fois de François Lethessier et Jacqueline Heudes, mariés en 1757. Elle en descend par les grands-parents paternels de son père, et par le grand-père maternel de son père. Plus on remonte dans le temps, plus on a de chance de descendre un nombre important de fois d'une même personne.


4) Transcriptions de vieux textes:

Voici le début d'un acte de 1566 passé au tabellionage de la Graverie, où Pierre Vasnier, fils de Christophe Vasnier, reconnaît avoir effectué une vente:

L'an mil Vcc LXVI le second jour de decembre devant lesd(its) tabell(ions), fut present P(ier)res Vasnyer fils Xxofle de la p(ar)oisse de la Graverye lequel a? recogneult et c(on)fesse avoir vendu affin d'heritage pour luy et ses hoirs et …


Cet acte ci-dessous de 1576, au tabellionage de Vire, relate la création d'une rente de 100 sols tournois de rente hypothèque pour rembourser Maître Raoul Bonnel, prêtre, d'un prêt de 50 livres tournois:


Le traize jour de mars l'an mil V c(en)tz LXXVI d(evant) Guill(aum)e Longuet et Desert, fut p(rese)nt honorable homme Jehan Hamel Lamberdiere l'aisney de la p(ar)ois(se) de Maisoncelles la Jourdain, lequel recong(neut) avoir vendu, crey et c(on)stitue a venerable et discrepte p(er)sonne Me Raoul Bonnel, pbre, bourg(eois) et demeurant a Vire, a ce p(rese)nt, savoir est la somme et nombre de cent solz t(ournoi)s de rente ypotecq(ue) ...


Voici un acte difficile à déchiffrer. Il s'agit du début d'un contrat de mariage de 1633:


En français moderne: Le 24 avril 1633 au tabellionage de Tinchebray, pour contrer le mariage qui au plaisir de Dieu sera fait et parfait en face de sainte église catholique, apostolique et romaine par entre Philippe Fresné, fils de défunt Jean, de la paroisse de Bernières, et de Marguerite Crouen, ses père et mère, d'une part, et Jacqueline Blaise, fille de défunt Jacques Blaise et de Catherine Postel, ses père et mère, de la paroisse de Clairefougère, d'autre part.

Ces actes sont extraits des Archives départementales du Calvados, cotes 7E85, 8E1610, 7E417.


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