LES EXILÉS NORMANDS
Plus on remonte les
registres, et plus on pourrait penser que les gens autrefois ne bougeaient
jamais. Ce n’est pas toujours vrai, notamment dans les villes, petites ou grandes.
On peut ainsi se référer à la page des actes curieux de l’Orne, où l’on
trouve par exemple la présence de quelques étrangers à Tinchebray au XVIIème
siècle. Voici d'autres exemples d’exilés qui eurent une descendance dans la
région où ils se fixèrent: Lucille
"Octavie" Aubert, née à Montsecret (Orne) le 20 juillet 1846, était la
fille de Aimé "Honoré" Aubert, maréchal-ferrant, et de Lucille
Aimée Lebarbé. Elle devint lingère à Paris, où elle eut un fils en 1869 avec
Martin Junck, tailleur allemand né en 1844 à Göllheim (Rhénanie-Westphalie).
En raison du contexte de la guerre franco-allemande de 1870, il a dû leur être impossible de rester en
France, et sans doute aussi de s’établir en Allemagne. Ceci explique sans
doute le choix de la Belgique, alors pays neutre, comme patrie d'accueil. Ils
se marièrent le 15 juin 1872 à Molenbeek-Saint-Jean, tout près de Bruxelles.
Martin et Octavie y coulèrent des jours heureux, et eurent 5 fils. Octavie
est décédée le 7 décembre 1929 à Schaerbeek (Source: M. Yves Junck, son
arrière-arrière-petit-fils). Albert
"Fernand" Courteil, né en 1890 à Saint-Cornier-des-Landes (Orne),
connut Jeanne Lucie
"Marcelle" Pétin, née en 1898 à Saint-Amé (Vosges), lors de la
première guerre mondiale. Ils se marièrent en 1920 à Saint-Amé et
s’établirent cultivateurs à Tinchebray (Orne). Leurs enfants et
petits-enfants vivent toujours dans les environs de Tinchebray. Thomas Dupont, de Saint-Sauveur-de-Chaulieu (Manche), a eu
trois fils: Jean, Guillaume et Roger. Ce dernier, colporteur, est venu en Bretagne
vers 1650. Il a épousé Michelle Chastaud de Ponchâteau (Loire-Atlantique),
veuve de Michel Pitot, originaire de Tinchebray
(Orne) et fils de Robert Pitot et de Laurence Veniard. Roger est devenu
mercier, puis s’est établi à Campbon (Loire-Atlantique), où il a eu sa
descendance. Son frère Jean, quincaillier, a épousé Nicole Pitot à Redon
(Ille-et-Vilaine), où il est décédé sans enfant en 1686. Leur frère
Guillaume, marchand à Redon, est mort célibataire à Campbon en 1669 (Source:
Mme Roselyne Dabo). Barthélémy Jaheu,
marchand sellier originaire de Casteljaloux
(Lot-et-Garonne), vint s’établir à Tinchebray
(Orne), à 700 km de chez lui. Il s’y maria en 1690 et eut une nombreuse
descendance. L’ancêtre des Lamy de
Sourdeval (Manche) était
originaire de la région de l’Aigle (Orne), qu’il a quittée au XVIème siècle. Michel François
Launay, né en 1823 à Saint-Georges-sur-Erve (Mayenne), épousa Julie
Louise Besnier en 1847 à Bernières-le-Patry (Calvados). Il s’y est
établi et a eu une descendance, dont certains membres portent toujours son
nom. Théodorine Virginie
Maunoury, née le 2 mai 1875 à Tinchebray (Orne), était à la fin du XIXème
siècle cuisinière à Paris chez un riche propriétaire. Le 4 octobre 1895 à
Paris, elle épousa le cocher de la maison, Alphonse Gustave Louis Joseph de
Saint-Léger, né le 22 août 1871 à Mont-Saint-Eloi (Pas-de-Calais). Ils eurent
alors 2 enfants à Paris et s’établirent vers 1903 cultivateurs à Tinchebray,
où ils eurent 3 autres enfants et une descendance qui a notamment donné un
maire à la ville de Tinchebray (Source: M. Leverrier, leur
arrière-petit-fils). Charles Pitot, de
la famille des sieurs de la Beaujardière, est né vers 1673 à Tinchebray (Orne), où sa famille était implantée
de très longue date. On y trouve encore un lieudit la Pitoterie. Notaire
royal, il s’établit à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), où il mourut en
1762. Sa fille Françoise, née à Saint-Malo, épousa Robert Surcouf: ce sont
les grands-parents du célèbre corsaire Robert Surcouf (1773-1827). D’autres
Pitot de Tinchebray ont donné naissance à la branche étrangère – allemande je
crois - des Pitot de la Baujardière. Cette branche existe encore de nos
jours. Ils ont quitté la région
de Tinchebray pour la Seine-Maritime ou l’Eure voici deux siècles : Thomas Antoine Chaventré,
peigneur de lin, né le 17 janvier 1776 à Truttemer-le-Petit, a épousé Marie Anne
Lethuillier le 3 janvier 1803 à Fécamp. Ils y ont eu 11 enfants, et c’est ainsi
que les Chaventré sont désormais plus nombreux en Seine-Maritime que dans le
Calvados. Son cousin germain François Chaventré, aussi peigneur de lin, né le
16 novembre 1775 à Bernières-le-Patry, a épousé Marie Catherine Julie
Delalandre le 27 août 1801 à Grainville-la-Teinturière. François Désert,
né le 8 octobre 1788 à Cerisy-Belle-Etoile,
était journalier. Fils de Jean Désert et Françoise Blais, il épouse Marie
Pélagie Vallée le 10 mars 1813 à Greuville. Jean-Baptiste Lemonsu,
né le 12 octobre 1789 à Saint-Pierre de Tinchebray,
a épousé Henriette Sérénée Leclerc le 12 décembre 1814 à Greuville. Il y est décédé le 13 juillet 1861. François Lenain,
né le 18 décembre 1726 à Athis-de-l’Orne,
a épousé Marie Anne Heuzé le 15 juin 1754 à Yvetot. Jean Mogis,
sabotier, né le 25 mars 1763 à Vassy,
a épousé Marie Françoise Petitton, de Doudeville
au pays de Caux. Leur fils Félix Mathieu Maugy est né le 14 mai 1797 à Berville. Guillaume Jean Monlien,
né le 25 novembre 1802 à Saint-Cornier-des-Landes, a épousé Marie Mouette
le 18 novembre 1828 à Bouquetot. Leur fille Henriette Clémentine
Monlien est née le 4 mars 1835 à Bourg-Achard. Louis Bernardin Patard,
né le 19 février 1763 à Vassy, a épousé Marie Madeleine Courtois le 27
novembre 1787 à Honfleur. Leur fils Jean Dominique Patard a eu une
descendance au Havre. Louis François Seguin,
né vers 1763 à Cerisy-Belle-Etoile, a
épousé Marie Anne Marguerite Bertin le 9 novembre 1789 à Criquetot-sur-Ouville. Il est
décédé le 31 octobre 1824 à Yvecrique. Jean-Baptiste Surbled,
né le 22 septembre 1795 à Truttemer-le-Grand, a épousé Anne Prudence
Elisabeth Quesnel le 20 juillet 1819 à Veauville-les-Baons.
Leur fille Céline Léonie Surbled est née le 10 septembre 1833 à Hautot-Saint-Sulpice. Jacques Julien Yver, né vers 1770 à Saint-Cornier-des-Landes, était le fils de Jean Yver et Marie Patry. Il épousa Marie Carpentier à Mannevillette, où il s’installa. De nombreux habitants du Bocage Virois sont partis s'installer en Seine-Maritime. "Tu auras peine à trouver une seule
terre qui soit jusqu’à maintenant habitée par sa population d’origine: ce ne
sont que métissages et greffes successives. Les populations se sont succédé
les unes aux autres; tel a convoité ce que tel autre a dédaigné; tel fut
chassé de l’endroit d’où il avait expulsé tel autre. Telle est la volonté du
destin: que rien ne bénéficie d’une Fortune éternellement stable"
(Sénèque, Consolation à Helvia, ma mère). |